A SOMEWHAT GENTLE MAN (2010) Un chic type - Cinemaniacs.be
A SOMEWHAT GENTLE MAN Un chic type
Ulrik est un homme comme il faut. Il n’a pas de besoins particuliers et ne demande jamais rien. Il a tué quelques personnes, en a estropié d’autres. Mais cela fait partie du métier lorsqu’on travail dans le monde du crime. Tout comme aller en prison, d’ailleurs.
Le film de Hans Petter Moland séduit par son refus de juger les êtres en apparence les plus frustes, accordant à chacun le crédit de se débrouiller comme il peut pour s’assurer un peu de dignité et de bonheur. Pas de héros mais une galerie de personnages plutôt paumés et cabossés, plutôt bas de plafond, sur lesquels le réalisateur pose un regard parfois attendri, parfois caustique mais jamais méchant. On rit beaucoup, non pas des hommes et des femmes en tant que tels, mais des situations que leurs faiblesses et leurs failles engendrent, dans lesquelles se mélangent en une très humaine pagaille, tendresse et violence, amour et baise, courage et lâcheté. Ulrik sort de prison, ses rêves de réinsertion sont modestes, mais rien ne marche tout à fait comme il le désire. Moland crée ici un personnage que les contrariétés et les déceptions forcent à changer de caps et de désirs plusieurs fois, sans pour autant trouver l’apaisement. L’interprétation de Stellan Skarsgard, géant vigoureux et fragile, fait d’Ulrik un homme presque étranger à son destin. Il se débat avec peine, et parfois mollement, dans un univers glauque de friche industrielle peuplé d’humains qui lui ressemblent. Cette Norvège-là est bien loin des fjords des cartes postales, elle est pourtant sublimée par une très belle image, et devient le décor adéquat pour la mise en scène du drame, sans morale ni jugement (avec humour et happy end) dont nous comprenons vite qu’il est loin de nous être complètement étranger.