17 FILLES

Le film de Muriel et Delphine Coulin est inspiré d’un fait divers qui laisse pantois. « On n’est pas sérieux quand on a 17 ans », soit, mais de là à se faire mettre en cloque toutes ensemble pour échapper à la grisaille d’une vie sans horizon …Décor de leur quotidien, la mer est grise et n’appelle pas vers des lointains chargés de la promesse de l’inconnu. Le ciel est bas et chargé de lourds nuages, pas de soleil, peu de lumière. La révolte adolescente contre un avenir tout tracé à l’image du triste et dérisoire roman des échecs de leurs parents passera par la libre disposition de leurs corps. Le désir d’enfant est d’abord désir d’émancipation et de liberté. M.et D. Coulon se gardent bien de tout jugement, elles suivent le parcours incertain de ces adolescentes, pour certaines si proches encore de l’enfance… Le plaisir du défi, la peur et l’angoisse se mêlent aux fous rires et aux plaisirs inconscients. Mélange et incertitude des sentiments qui laissent une impression d’étrangeté. L’avenir de cette révolte paraît tellement tracé et bouché par d’autres aliénations. Sans doute faut-il dans cette étrange histoire un révélateur de plus de la misère humaine et sociale qui s’est emparée de régions entières privées d’emplois et qui refusent tout avenir à leurs jeunes générations. Même s’il ne s’agit pas là du sujet principal du film, l’environnement est suffisamment précis pour inspirer ennui, résignation ou révolte. Le film aurait pu gagner en force et en authenticité s’il avait exploré davantage le contexte sans renoncer pour autant au regard des jeunes filles sur les choses et les êtres qui les entourent et les étouffent. Regrettons aussi une mise en scène plutôt banale qui tire la réalisation vers le téléfilm. Reste que ces adolescentes ne manquent pas d’allure pendant qu’elles tracent une voie tellement sidérante et inattendue à une révolte qui prouve autant leur vitalité que leur immaturité.