FAI BEI SOGNI (2016) Fais de beaux rêves

Marco Bellocchio a donné au cinéma italien quelques-unes de ses œuvres les plus marquantes au temps béni de son âge d’or. Sa première œuvre marquante, I PUGNI IN TASCA(les poings dans les poches), 1965, reviendra bientôt dans les salles dans une copie restaurée. Son dernier film renoue avec un univers qui lui est familier, celui de l’enfance, dont pour le meilleur et souvent pour le pire, on ne guérit jamais. Il est touchant, même si, pour les familiers du réalisateur italien, il ne surprend pas. Il adapte un des grands succès de la littérature italienne contemporaine ; Massimo Gramellini y raconte le drame qui bouleversera toute sa vie, drame en résonnance avec les thèmes marquants de Bellocchio : heureuse rencontre, mais dans la douleur. Massimo est hanté par son passé, il tente de se réaliser par son travail de journaliste qui le conduit même sur le terrain de la guerre à Sarajevo. Le film se construit par des allers-retours entre l’époque contemporaine et le passé du jeune Massimo. Passé d’abord heureux, illuminé par une relation fusionnelle avec sa mère, qui disparaît brutalement. Tout l’entourage va dissimuler la vérité au jeune garçon, obligé de vivre avec le pieux mensonge du prêtre de la famille (on reconnaît l’anticléricalisme cher au réalisateur). Les scènes les plus fortes se regardent à travers leur symétrie (la mort mise en scène à Sarajevo, en écho avec le drame du jeune Massimo, la musique et la danse avec la femme qui sauvera l’adulte du désespoir en écho avec la danse avec la mère tant aimée, beaux moments que nous offre ce film, sans doute pas le meilleur du vétéran italien, mais qui offre de beaux moments d’émotion. D’autant plus intenses que les acteurs, y compris le tout jeune Valerio Mastandrea, servent magnifiquement leurs personnages.